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Alain Vanzo (1928-2002)

- Dis, Monsieur, tu connais Alain Vanzo ?

- Oui, je le connais depuis Noël 1962, quand un « électrophone » PHOTO arriva sous le sapin avec, parmi les cinq premiers disques, des opéras dont Les Pêcheurs de Perles de Georges Bizet et Manon de Jules Massenet avec comme ténor principal : Alain Vanzo !

Ténor ? Voix masculine la plus aigüe du chanteur à qui est dévolu dans les opéras le rôle de jeune premier, l’amoureux heureux ou malheureux, c’est selon. Voix de charme comme Luis Mariano et Georges Thill avant lui et Roberto Alagna aujourd’hui.

D’origine italienne, Alain Vanzo est né le 2 avril 1928 à Monaco, dans une région dont il gardera toujours l'accent ensoleillé. Son parcours n’a rien de classique car il s’apparente à celui d’un autodidacte aux dons exceptionnels. Avec une parfaite conscience de sa chance, il déclarait lui-même : « Je suis né avec ma voix, avec ce timbre et ces aigus rayonnants, ces demi-teintes souples et ce legato inné… ».
 
Durant son enfance, il chante dans la chorale de l'église Saint-Charles de Monaco ; il touche à tous les instruments (accordéoniste, batteur…) sans vraiment recevoir de formation professionnelle. À dix-huit ans, il fonde à Aix-les-Bains un orchestre de variétés, Le Bastringue, avant de monter à Paris puis d'entrer dans l'orchestre tzigane Les Vinitzky (1950). Il joue dans les brasseries, chante occasionnellement ; il sera doublure de Luis Mariano au Châtelet dans Le Chanteur de Mexico.

En 1954, il se décide enfin à étudier sérieusement le chant avec Rolande Darcœur pour se présenter à un concours de ténors organisé à Cannes par Mario Podesta. Il remporte le premier prix devant Tony Poncet et Guy Chauvet et est aussitôt engagé à l'Opéra de Paris et à l'Opéra-Comique.
 
Alain Vanzo obtient la consécration pendant la saison 1956-1957 avec deux rôles qui seront déterminants dans la suite de son parcours : le Duc de Mantoue dans Rigoletto (G. Verdi) et Gérald dans Lakmé (L. Delibes). Désormais s’ouvre pour lui une grande carrière de ténor lyrique léger : il est appelé à devenir l’ambassadeur d’un style de chant français caractérisé par l’élégance du phrasé allié au rayonnement et à la facilité des aigus projetés avec puissance. On a souvent souligné que l’art d’Alain Vanzo constituait un trait d’union entre celui de Georges Thill (1897-1984) et celui de Roberto Alagna. On peut aussi le comparer à Alfredo Kraus (1927-1999), son exact contemporain.

Alain Vanzo triomphe en chantant Nadir dans Les Pêcheurs de perles (G .Bizet), ou Des Grieux dans Manon (J. Massenet) mais il excelle aussi en Alfredo dans La Traviata (G. Verdi) et offre un Vincent convaincant dans Mireille (Ch. Gounod).

Sa carrière internationale débute en 1960 au Covent Garden de Londres en Edgardo dans Lucia di Lammermoor (G. Donizetti), aux côtés de Joan Sutherland., et s’affirme définitivement en 1965 au Canergie Hall de New-York où il chante Gennaro  dans Lucrezia Borgia (G. Donizetti) auprès de Montserrat Caballé.

Tous les plus grands opéras l’accueillent : Metropolitan Opera de New-York, Liceo de Barcelone, Sao Carlos de Lisbonne, Francfort, Vienne, San Fancisco, festival de Glynebourne…

En 1973 il est le seul français à participer à Naples au concert organisé pour le centenaire de la naissance d’Enrico Caruso. Vanzo partage alors l’affiche avec Mario Del Monaco et Luciano Pavarotti, entre autres !

En 1976, il participe à la tournée de l’Opéra de Paris aux Etats-Unis, il remporte un triomphe dans Faust de Gounod dans la production de George Lavelli, rôle qu’il reprend à Paris à partir de 1978.

En 1985, il participe à la renaissance de Robert le diable (G. Meyerbeer) aux côtés de June Anderson et Samuel Ramey

Il est aussi très sollicité par les maisons de disques qui lui font enregistrer de nombreux opéras aux côtés de prestigieuses partenaires comme Mirella Freni, Ileana Cotrubas, Marilyn Horne ou encore Régine Crespin. Alain Vanzo laisse une discographie importante où se signalent deux ouvrages rarissimes de Jules Massenet : La Navarraise et Le Jongleur de Notre-Dame.

Il est aussi compositeur ; outre de nombreuses mélodies, il compose une opérette Pêcheur d’étoiles, créée à Lille en 1972 et un opéra Les Chouans, créé en Avignon en 1982. Nous aurons une pensée émue en pensant que ces mélodies ont été composées dans son salon gournaysien.

Dans les années soixante-dix, il a un véritable coup de foudre pour notre ville et s’y installe avec sa famille avenue Nast. Son fils Philippe fréquentera l’école des Pâquerettes puis le collège Eugène Carrière, son petit-fils Geoffrey fera tout son cursus de la maternelle au collège à Gournay. Il n’est pas rare de l’entendre chanter lors de la messe de minuit à Noël.

Un vrai gournaysien en somme ! C’est pourquoi, le 28 septembre 2001, la ville de Gournay lui rend hommage en donnant son nom à la salle des fêtes, lors d’une cérémonie présidée par Hugues Gall, directeur de l’Opéra de Paris. L’AMG décide de nommer son école Jules Massenet, du nom de son compositeur préféré.

Il nous a quitté le 27 janvier 2002 et repose au cimetière ancien.

Un chanteur dont un critique a pu dire :
« Quelle belle voix ensoleillée, pleine, aux inflexions douces comme le miel, à l’aigu éclatant et quelle intelligence… »

- Tu l’as rencontré ?
-  À Gournay, non ; je suis arrivé après son décès
Sur scène, oui, une bonne dizaine de fois et j’en garde un souvenir émerveillé même après tant d’années.

François Culeux,
Retraité de l’Opéra de Paris


 
Pour le découvrir ou le redécouvrir : 

Vous pouvez trouver encore de nombreux enregistrements sur Youtube, y compris des opéras intégraux, dont le Werther de 1978 à la Salle Favart (Paris).


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